Le premier ministre, élu du département il y a un an, travaille dans les coulisses pour empêcher une victoire du RN. Après la conquête de Perpignan l’année dernière, Louis Aliot croit au changement.
En acceptant son transfert de la mairie de Prades à Matignon en juillet de l’année dernière, Jean Castex a également dû renoncer à un autre chapeau: celui de chef de l’opposition de droite au conseil départemental des Pyrénées-Orientales. Mais la voici: préoccupé par l’issue de ces élections, prévues pour la fin du mois de juin, le Premier ministre a discrètement repris ses fonctions. Hors de vue, mais proche de l’ambiance.
“Nous savons qu’il n’est pas loin, il le surveille de près, oui”. José Montessino sourit au téléphone. Le maire du petit village d’Eus, voisin de Prades, est candidat au département, et ami de Jean Castex. Jamais trop loin, récemment Castex l’a certainement fait. N’est-ce pas ici qu’il a choisi de voyager mi-avril pour accompagner les vignerons gelés? Ou pour annoncer il y a une semaine l’avancée d’un enjeu local majeur, la modernisation de la RN116, axe stratégique du «PO»? Et toujours en visite chez des amis. “Oui, il joue un rôle dans ces élections, il parle très souvent avec des élus ici”, a déclaré un acteur local. Son entourage le reconnaît également: «Il s’inquiète d’une éventuelle victoire du RN. Oui, le RN peut gagner, et il le surveille de près, c’est normal, c’est à la maison ».
“Il s’est impliqué personnellement”
Après avoir remporté Perpignan, la capitale du département, il y a un an, le Rassemblement National croit fermement en ses chances. Ce serait une première en France. Alors Castex mouille le maillot, chauffe la ligne téléphonique “Paris – PO”. “Il s’est personnellement impliqué, il est intervenu par paires dans les cantons avec les candidats”, confie un ténor de la majorité. “Il s’est assuré d’éviter des candidatures parasites ici et là”, a déclaré en abondance un élu. Car dans le département, la dispersion des voix est fatale. Ce n’est pas un hasard si aucune liste de départements n’a été signée avec LREM. Et le seul candidat marcheur, Romain Grau, proche de Macron, n’a pas de candidat de la liste de droite devant lui!
Jean Castex a également tenté de jouer les agents de recrutement. Le 2 mai, la droite apprenait en disgrâce qu’il venait d’être mordu par un candidat: le maire (ex-LR) de Baixas, Gilles Foxonet, venait d’annoncer qu’il rejoignait le RN. Il ne reste que trois jours avant que les candidatures puissent être soumises. “Jean Castex a pris son téléphone pour chercher des candidats”, savait-on dans l’entourage d’Hermeline Malherbe, la présidente sortante (PS). Et si ce n’est pas le locataire de Matignon … c’est son bureau qui s’en charge. «J’ai été approché le jour du dépôt des candidatures», confirme Claude Sire, maire du village de Trevillach, qui rejettera la proposition. La liste de droite dirigée par le sénateur (LR) Jean Sol est donc sans représentant dans ce canton.
Il est probable qu’aucun des trois principaux camps (gauche, droite, extrême droite) ne remportera à lui seul la majorité (9 des 17 cantons) au soir du second tour. Ainsi, le «troisième tour», au cours duquel les élus voteront pour élire leur président, alimente l’inquiétude. “Très malin, qui peut dire ce qui va se passer …”, déclare Stéphane Loda, maire (LR) de Canet-en-Roussillon, l’un des dirigeants de LR.
“Certains ne sont pas clairs sur le RN”
“S’il faut forger une alliance avec d’autres partis pour éviter un basculement vers les extrêmes, un front républicain devra être formé”, assure le maire de Prats-de-Mollo Claude Ferrer, candidat sur la liste dirigée par Sol. Ce bon ami de Jean Castex lui assure également qu’il “tentera d’influencer le troisième tour”. Castex doit faire attention à ses amis. Certains ne sont pas clairs pour le RN », craint-on à gauche. Des élus de droite pour aller avec le RN? «C’est quelque chose qui peut arriver», a déclaré Claude Sire.
Côté RN, nous voulons percer la digue – qui s’affaisse déjà – sur la droite. “On peut trouver un accord pour la direction du département, sur des sujets précis”, estime le désormais influent maire (RN) de Perpignan Louis Aliot, qui insiste: le plus important “est de retirer le département de la gauche”. Et si possible de donner à Castex “un camouflet”. “Comment peut-il rester à Matignon si on gagne?” Aliot se gargarise. Un match passionnant, encore un autre symbole de l’affrontement entre le RN et le pouvoir au pouvoir.
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