Fou de football, le créateur tente de percer les mystères de la demi-finale France-Allemagne 1982 dans sa nouvelle bande dessinée “Les Fantômes de Séville”. Une histoire sous la forme d’une enquête qui mêle habilement le vrai et le faux. Hilarant et parfois magnifique.
Le football, il adore ça. Presque littéralement. Lorsque le designer Didier Tronchet, 62 ans, évoque sa passion, il l’appelle «inflammation aiguë du ballon» et même «névrose obsessionnelle». «Je crois connaître tous les résultats de tous les matches de l’équipe de France depuis ma naissance. Je ne veux même pas manquer une rencontre avec le Kazakhstan un dimanche après-midi », admet le créateur de« Jean-Claude Tergal ». Alors si vous êtes accro à ce point, il y a forcément une pilule qui ne marche pas: la défaite de la France contre l’Allemagne en demi-finale de Coupe du monde 1982. Ce match historique, ce citoyen traumatisé, qui avait vu les Bleus mener 3-1 Battiston attaqué par le gardien allemand, l’auteur a décidé de dessiner une bande dessinée, “Les fantômes de Séville”, qui sortira quelques semaines avant le début de l’Euro. «J’ai ressenti de l’indignation, de l’injustice. J’étais triste, malheureux », se souvient-il.
Des sentiments qui ne lâchent jamais vraiment. Comment cette «catastrophe» a-t-elle pu se produire? Pour répondre à cette question, Didier Tronchet fait examiner son article à deux reprises dans cet album largement autobiographique, dessiné par Jérôme Jouvray (Ed Glénat. 152 pages. 22 euros) . Au départ il y a une révélation: le tournant de la course est la 50e minute et l’entrée de Patrick Battiston. Sept minutes plus tard, ce dernier est seul devant Harald Schumacher, rate le but, est frappé violemment par le gardien et sort sur une civière. Pendant un instant, nous pensons qu’il est mort. Evidemment, l’erreur ne sera pas pénalisée … Mais Didier était obsédé par une question: pourquoi le coach a-t-il fait appel à un défenseur, Battiston, pour remplacer un milieu offensif?
Football américain? “Plus qu’un simple jeu”
Convaincu d’avoir une “première”, il demande à un ami journaliste de L’Équipe, ainsi qu’au gardien de ses 11 amateurs du dimanche, de l’aider dans son enquête. La suite des “Fantômes de Séville” devient alors un peu vertigineuse. Les deux amis sont d’abord partis à la recherche de l’arbitre hollandais du match qui, avec enthousiasme, poursuit Didier dans les rues d’Amsterdam et crie “arrêtez-le”. Ils décrochent ensuite une rencontre avec le gardien allemand, qui les renvoie en quelques minutes.
Patrick Battiston accepte également de les recevoir, et encore mieux, Michel Platini. Cette dernière rencontre donne lieu à une scène hallucinante: alors banni pour avoir été soupçonné de détournement de fonds alors qu’il était président de la FIFA, vivant en ermite en Suisse, a énormément grandi et les accueille par derrière, dans le noir, assis les jambes croisées. . Digne de Marlon Brando dans “Apocalypse now” …

Comme à son habitude, Didier Tronchet mêle habilement vérité et mensonge dans ces “Fantômes”. “Mais tout est crédible, non? Je pratique le mensonge, selon le concept d’Aragon. Mais oui, j’ai discuté de la demi-finale avec Michel Hidalgo et Patrick Battiston. Oui, je suis convaincu que le match change à la 50e minute et que si un attaquant était revenu, il aurait marqué. Je vais encore plus loin: cet échec a provoqué le virus de la défaite en équipe de France. C’est pourquoi elle a perdu en demi-finale en 1986, après quoi elle ne s’est pas qualifiée en 1990 et 1994 », souligne-t-il.
Comme souvent chez le designer, l’album révèle une partie intime. Cette «obsession», difficile tant pour sa femme que pour son fils Didier Tronchet et sa double page, a les raisons: celle de la disparition du père alors qu’il n’avait que 3 ans. Mais «savoir» change rarement «être», comme l’admet Didier Tronchet: «Dans ma folie footballistique, je sais qu’il y a des projections personnelles. Chaque jeu, que je le joue ou que je le regarde, est une métaphore de ma vie. A chaque fin de jeu, une mort mineure. Je veux toujours continuer, jouer une autre réunion pour changer la fin. La défaite, même sur un petit terrain dimanche, me rend très malheureux. Le football sera toujours plus qu’un simple match pour moi. “
NOTATION DE LA RÉDACTION: 4/5
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Ref. : leparisien.fr